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Désespéré, le procureur Mueller tente de ressusciter la dépouille du Russiagate

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S&P—Beaucoup de bruit pour rien. Contrairement à ce que dit la presse française, le dossier du Russiagate est de plus en plus vide. Les trois inculpations, dont celle de Paul Manafort, qui fut pendant à peine trois mois le chef de campagne de Trump, dans l’enquête du procureur spécial Robert Mueller, trompetées depuis hier dans les médias transatlantiques, sont en réalité révélatrices du désespoir du « Deep State » (l’État dans l’État), face aux révélations dévastatrices parues la semaine dernière dans le Washington Post, et qui ont littéralement déplumé le Russiagate. Avec des techniques rôdées depuis Edgar Hoover, Mueller, en le menaçant de prison, espère « retourner » Manafort pour qu’il « balance » sur Trump.

Comme le reconnaissent Les Échos, le timing de cette sortie de Mueller n’est pas anodin : « La première mouture de sa réforme fiscale doit en effet être présentée mercredi au Congrès. Et le président doit rendre public le nom du futur gouverneur de la Fed, une annonce très attendue par les marchés, avant de partir pour son premier grand voyage en Asie ce vendredi. »

« Collusion », oui... Mais entre qui ?

Ce dont la presse française n’a quasiment pas pipé mot, c’est que le Washington Post a rapporté mercredi dernier que le Comité national du Parti démocrate (DNC) et Hillary Clinton ont été pris la main dans le sac pour avoir financé la société Fusion GPS ayant produit le « dossier Steele », à hauteur de 10,5 millions de dollars, par le biais de leur conseiller juridique, Marc Elias, président du cabinet d’avocat Perkins Coie. On a même appris hier que l’organisation Obama for America (OFA) avait également payé 974 000 dollars à Perkins Coie entre 2016 et 2017 à cet effet. Et c’est également Marc Elias qui a payé la société Crowdstrike pour « constater » l’intrusion des services russes dans les ordinateurs du Parti démocrate. Comme le note le Wall Street Journal dans son éditorial du 25 octobre, avec ces révélations, on sait désormais que le DNC et Hillary Clinton ont grossièrement menti lorsqu’ils ont prétendu n’avoir aucun lien avec le dossier Steele.

Il y a donc bien eu collusion, entre les TST (Tout sauf Trump), fortement encouragés par des géopoliticiens à Londres qui perçoivent Trump comme une menace potentielle pour leur relation privilégiée avec Washington.

Ce dossier, d’ailleurs écrit par le soi-disant « ex »-agent du MI6 britannique Christopher Steele, est la pierre angulaire du Russiagate. C’est sur la base de ce dossier que le directeur du FBI de l’époque James Comey a ouvert en juillet 2016 l’enquête sur la « collusion » entre Moscou et l’équipe de campagne de Trump. « La question la plus troublante est le rôle qu’a joué le FBI dans cette affaire », écrit le Wall Street Journal. « Nous savons que l’agence possédait le dossier en 2016, et on a appris par la presse qu’il y a eu débat au sein de l’agence afin de déterminer s’il fallait continuer à payer M. Steele pour qu’il continue son travail après les élections  ». La question se pose alors : « M. Comey ou ses agents ont-ils utilisé le dossier afin d’obtenir de la part de la court FISA des autorisations de mises sous écoute des membres de l’équipe de campagne de Trump ? »

Il s’agirait d’un crime très grave, d’une ampleur similaire à l’affaire du Watergate où Richard Nixon avait employé les agences du renseignement américain pour espionner ses opposants politiques du Parti démocrate. Le Washington Examiner,dans un article publié mercredi dernier, pointe également du doigt le rôle du FBI : «  L’idée que le FBI et les collaborateurs de la campagne de Clinton puissent avoir payé M. Steele pour enquêter sur le candidat investi par le Parti républicain pour la présidence pose des questions sur l’indépendance du FBI vis-à-vis des politiques, ainsi que sur l’utilisation par l’administration Obama de la justice et des agences de renseignement à des fins politiques ».

Le député républicain Devin Nunes, qui préside la Commission sur le renseignement de la Chambre et qui a dû faire face au refus constant de la part du FBI et du Département de la Justice de coopérer avec la Commission sur le dossier Steele, a déclaré jeudi sur CNS News : « Il s’agit d’un dossier non vérifié et payé par des opposants politiques – dans ce cas, le Parti démocrate – que le FBI s’est approprié et a utilisé afin d’ouvrir des enquêtes (…). C’est une dérive très dangereuse. J’imagine que c’est ce que l’on peut voir dans des pays du tiers monde où le parti au pouvoir utilise les services secrets pour leur bénéfice politique. On n’est pas censé voir cela aux États-Unis ».

Robert Mueller, un homme « irréprochable », vraiment ?

Robert Mueller, «  l’austère procureur qui fait trembler Donald Trump », proclame Le Figaro, « le procureur austère qui fait trembler la Maison-Blanche », varie L’Express, ou encore « l’irréprochable »... Il semblerait que nos journalistes français (à moins qu’ils aient déjà été remplacés par des ordinateurs ?...) souffrent d’un terrible manque de sources, car outre-Atlantique les suspicions sur le rôle de Mueller sont plus fortes que jamais, suite aux révélations du Washington Post. « Tout cela pose des questions à propos de l’enquête du procureur spécial Robert Mueller », écrit le Wall Street Journal. « Cette information sur Fusion GPS implique qu’il faille enquêter sur le rôle du FBI dans l’interférence russe dans les élections [que le WSJ n’est pas au point de remettre en cause] – malgré le fait que le FBI et la Justice insistent sur le fait que l’enquête de Mueller les empêche de coopérer avec les enquêteurs du Congrès. M. Mueller est un ancien directeur du FBI, et il a longtemps travaillé auprès de M. Comey. (…) Il servirait mieux son pays en démissionnant afin de lever le trouble planant autour de ce conflit d’intérêt ».

De son côté, le New York Post ne passe pas par quatre chemins : « Robert Mueller devrait démissionner », titre un article de Michael Goodwin, publié le 28 octobre, repris ensuite sur Fox News et dans le Washington Post.
Le rôle de Lyndon LaRouche

Soulignons ici que c’est la mobilisation tout azimut des militants du Comité d’action politique de Lyndon LaRouche (LPAC) qui a cristallisé le retournement partiel d’une partie de l’opinion publique.

Le magazine Executive Intelligence Review - EIR de LaRouche est à l’origine d’un dossier très pointu sur Mueller (voir pdf ci-joint) qui, avant d’opérer en mercenaire pour Wall Street contre Trump, s’était illustré lors de la chasse aux sorcières contre LaRouche et contre tout parlementaire américain cherchant à élucider le rôle des Saoudiens dans les attentats du 11 septembre 2001. (lire notre chronique du 29 septembre sur les trois crimes de Robert Mueller)

Le théâtre de l’affaire du Russiagate n’est bien entendu pas purement américain. Il se joue sur la scène mondiale. Le président Trump commence vendredi sa tournée en Asie, où il doit participer aux sommets de l’APEC (pays d’Asie-Pacifique) et de l’ASEAN (pays d’Asie du Sud-Est), et rencontrer plusieurs chefs d’État, dont le président Xi Jinping, et probablement Vladimir Poutine. Une bataille à mort a lieu au sein même des institutions américaines, entre d’un côté les partisans d’une détente avec la Russie et la Chine – certains appelant même à rallier l’initiative chinoise des Nouvelles Routes de la soie – et de l’autre côté les réseaux va-t-en guerre néo-conservateurs et l’oligarchie financière.