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Le monde à une Deutsche Bank du Tsunami financier

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S&P—La désintégration imminente du système financier transatlantique constitue la toile de fond de la crise stratégique et de la logique de guerre, à laquelle nous venons d’assister en Syrie.

Il y a dans le monde actuellement 250 000 milliards de dollars de dette, pour 750 000 milliards de produits dérivés financiers, ce qui représente dix à douze fois le PIB mondial. Ce gouffre entre le fictif et le réel ne peut aboutir qu’au chaos et à la guerre – à moins de mettre le système en banqueroute organisée.

La Süddeutsche Zeitung rapporte dans son édition du 16 avril que la Banque centrale européenne (BCE) a demandé à la Deutsche Bank de simuler un « scénario de crise » de son secteur de banque d’investissement. Le quotidien allemand souligne que c’est la première fois que l’autorité de supervision de la BCE demande une telle mesure à une banque de premier plan, ce qui est révélateur d’un certain état de panique.

« La Deutsche Bank est l’une des institutions financières les plus dangereuses du monde en raison de son activité complexe », explique la Süddeutsche Zeitung. En effet, la Deutsche Bank — qui porte mal son nom puisqu’elle est aujourd’hui largement dirigée depuis Londres — est la banque la plus exposée sur le marché des produits dérivés financiers au monde, à hauteur d’environ 50 000 milliards d’euros. Le journal La Tribune cite Stuart Graham, analyste d’Autonomous Research, qui avait estimé l’an dernier que la banque d’investissement de la Deutsche Bank était probablement « au-delà du réparable », après des années de sous-investissement technologique et de pratiques ayant entaché sa réputation auprès des grands clients.

Ce faisant, la BCE veut mesurer quel serait l’impact d’une « résolution » – c’est-à-dire d’une liquidation – des activités de banque d’investissement de la Deutsche Bank, et si cela obligerait l’État et le contribuable à voler au secours du géant bancaire. Selon la Süddeutsche Zeintung, la BCE envisagerait de demander la même chose à d’autres établissements bancaires. Cet exercice aurait été baptisé « revue des coûts de réduction progressive », version techno-politiquement correcte de ce qui est en fait une « revue des ravages du krach imminent ».

Mais le discours se doit d’être rassurant. Les banques américaines et européennes continuent d’afficher des bénéfices mirobolants et de se dire sereines pour l’avenir, sur fond d’une croissance ne quittant pas le plancher des vaches – précisément la même situation qu’avant le krach de 2007-2008.

Le tsunami financier est inévitable au sein du système. C’est donc bien le système qu’il faut changer. Comme l’a dit Jacques Cheminade dans son message vidéo du 19 avril : « Il faut une autre politique, qui ne soit plus une politique de soumission à l’oligarchie financière, comme le fait le gouvernement actuel, après bien d’autres. Il faut une politique où l’on crée de l’argent pour le développement et la croissance, qui fasse de l’argent un service public. Pour cela, il faut d’abord considérer que les dettes qu’on a encourues ne pourront jamais être remboursées, sauf par la souffrance de nous tous. Mais nous ne l’acceptons pas. Il faut un jubilé des dettes ; il faut écarter les dettes odieuses et illégitimes, et organiser les dettes qui ont contribué au développement de notre pays. Il faut aussi séparer les banques (…) ; celles qui spéculent sur les marchés financiers, il ne faut plus les soutenir. Il faut soutenir les banques qui, elles, gèrent nos dépôts, ou offrent du crédit à l’économie ».