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La main britannique et « chrétienne » derrière la boucherie de Gaza

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Le monde entier est toujours sous le choc de la tuerie sauvage perpétrée par Israël sur les manifestants du Hamas le 14 mai, le même jour que l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem, faisant une soixantaine de morts et plus de 2700 blessés.

Nos amis du LPAC, le mouvement de l’économiste et homme politique Lyndon LaRouche aux États-Unis, ont publié le 17 mai un mémorandum visant à identifier les véritables responsables de cette ignominie, dont Netanyahou et Trump ne sont que les idiots (dangereux) utiles. Nous vous en rapportons l’essentiel ici.

Une géopolitique impériale héritée de Sykes-Picot

Avant tout, il est fondamental, si l’on veut comprendre et résoudre un problème comme le conflit israélo-palestinien, de le considérer du point de vue de l’histoire longue. Car, si la décision du président américain d’installer l’ambassade a joué un rôle de déclencheur, il est évident que ce n’est pas la cause.

Dans un discours prononcé en mai 2009, Lyndon LaRouche avait déclaré : « Je suggère que c’est une erreur de parler d’une politique envers le Moyen-Orient. Au lieu [de] parler d’un conflit qui est en grande partie mondial (…). Ne vous fixez pas sur le conflit israélo-arabe, comme sur une chose en soi. Parce que le conflit n’est pas déterminé par les Israéliens ou les Arabes. Il est déterminé par les forces internationales qui voient cette région comme un point de croisement entre la Méditerranée et l’océan Indien, déterminant pour les relations de l’Europe avec l’Asie, et de l’Europe avec l’Afrique de l’Est  ».

Les véritables coupables se trouvent du côté du conglomérat d’intérêts financiers centrés sur Londres et New-York qui, pour préserver un pouvoir se trouvant aujourd’hui de plus en plus remis en cause par l’émergence de la Chine, de la Russie et d’un nouveau système de coopération internationale, appliquent la vieille doctrine « diviser pour régner » de l’Empire britannique, et tentent de saboter toute possibilité d’entente entre les États-Unis, la Russie et la Chine, en entraînant Donald Trump dans un conflit qu’il ne souhaiterait pas lui-même. Ils perpétuent ainsi la géopolitique impériale des institutions britanniques et de la City de Londres telle qu’elle a été imposée dans la région depuis le traité Sykes-Picot de 1916. En effet, les Britanniques, à travers ce traité, ont utilisé le Moyen-Orient (terme colonial pour désigner l’Asie du Sud-Ouest) d’une part comme une terre riche en ressources sur lesquelles il fallait mettre la main, et d’autre part comme une grenade géopolitique pouvant être dégoupillée dès que nécessaire afin de provoquer des conflits entre grandes puissances.

La corruption des Démocrates et Républicains américains

Dans le conflit israélo-palestinien, les deux parties ont des liens profonds et de longue date avec la City de Londres, liens aujourd’hui entretenus via les États-Unis et en particulier les milieux chrétiens évangélistes, en ce qui concerne Israël. C’est le président Bush père qui a fait entrer le renard dans le poulailler en s’appuyant pour son élection sur un recrutement massif de chrétiens évangélistes dans le Parti républicain, lesquels ont ensuite constitué le principal socle électoral des Républicains. Une partie importante des personnes recrutées étaient des Chrétiens sionistes associés à l’organisation Christians United for Israël (CUFI) de John Hagee. Les multiples organisations chrétiennes sionistes se recoupent avec d’autres lobbys pro-israéliens aux États-Unis, comme l’AIPAC.

Ces Chrétiens sionistes soutiennent l’établissement de colonies israéliennes dans les zones palestiniennes, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël ; ils s’opposent au processus de paix et sont favorables à l’exacerbation des relations avec le monde arabe ; tout cela afin d’accélérer le processus conduisant à l’Armageddon que la Bible, selon leur interprétation, aurait prophétisé, et qui doit précéder le retour du Christ.

Si vous vous demandez d’où peuvent provenir ces étranges conceptions religieuses, portez votre regard vers la Grande-Bretagne : ce sont en effet les prédicateurs John Nelson Darby et Edward Irving qui en sont à l’origine, au XIXe siècle. À l’époque, Lord Palmerston avait utilisé le retour de la Palestine au peuple juif, et plus généralement les conflits religieux, comme une caractéristique majeure de ses politiques impériales visant à contrôler les populations coloniales par le biais de conflits idéologiques, avec en toile de fond le Grand jeu entre les empires britannique et russe. Les Chrétiens sionistes modernes ont recréé ce Grand Jeu, qui prend aujourd’hui la forme d’une lutte entre les États-Unis et un « axe maléfique » constitué de la Russie, ses alliés arabes et la Chine.

Beaucoup de ceux qui se trouvaient à la cérémonie d’ouverture de la nouvelle ambassade américaine à Jérusalem le lundi 14 mai dernier, pendant que le Hamas et les forces de défense israéliennes s’engageaient dans des combats meurtriers à Gaza, sont des Chrétiens sionistes. Le pasteur John Hagee, partisan d’une guerre contre l’Iran et l’ensemble de l’Islam, a prononcé la prière de clôture. Entre autres croyances apocalyptiques, Hagee défend l’idée qu’Hitler ne faisait rien d’autre qu’accomplir le travail de Dieu ! Robert Jeffress, qui professe que les Juifs ne peuvent pas être sauvés, a prononcé la prière d’ouverture de la cérémonie. Il semblerait également que le vice-président américain Mike Pence, un sioniste chrétien très impliqué dans le CUFI, a été le principal organisateur de la cérémonie.

Si cette politique vis-à-vis de l’Asie du Sud-Ouest a principalement percé au sein du Parti républicain, il est un fait que les Démocrates ne s’y opposent pas. Nombre d’entre eux, comme le Sénateur Chuck Schumer, ont soutenu le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, et sont restés généralement silencieux face à l’établissement d’un ghetto de Varsovie moderne pour les Palestiniens de Gaza.

Cette connivence entre Républicains et Démocrates corrompus se cristallise dans leur opposition commune à la politique de Trump de détente et de dialogue avec la Russie et la Chine. En effet, comme S&P l’a montré, les Démocrates sont impliqués dans la tentative de coup d’État contre l’administration Trump à travers le soi-disant « Russiagate », fausse accusation de « collusion » entre l’équipe de campagne du candidat républicain et le Kremlin, orchestrée par les services secrets britanniques, par l’entremise de l’ « ex » agent du MI6 Christopher Steele.

À l’approche des élections de mi-mandat, qui auront lieu en novembre prochain, la stratégie des Démocrates consiste à promouvoir des candidats favorables à la destitution du Président, ce qui crée les conditions dans lesquelles le Vice-Président Pence et les milieux Chrétiens sionistes peuvent s’imposer comme principal recours pour assurer une victoire électorale et protéger Donald Trump d’une procédure de destitution au Congrès. Remarquons également qu’en cas de destitution de Donald Trump, c’est Mike Pence qui prendrait sa place.

La porte de sortie : une alliance entre les « quatre grandes puissances »

Il n’y a pas de solution en soi pour le conflit israélo-palestinien. La seule solution est de mettre fin à l’impérialisme du système financier anglo-américain, véritable entrave au progrès de l’humanité, en lui substituant un nouveau système de relations entre les nations basé sur le retour aux principes de la Paix de Westphalie. Des forces politiques, dont le LPAC aux États-Unis et S&P en France, sont mobilisées pour déjouer cette tentative d’entraîner la présidence américaine dans une confrontation avec la Russie et la Chine, et créer les conditions pour que les « quatre grandes puissances » de la planète – les États-Unis, la Chine, la Russie et l’Inde – posent les bases de ce que de Gaulle appelait « la détente, l’entente et la coopération ».

« Notre objectif devrait être de mettre en place un système d’États-nations souverains dans le cadre duquel chaque peuple, utilisant sa propre langue et sa propre culture, est représenté », avait déclaré Lyndon LaRouche en 2009. « Mais ces nations, en tant que telles, ainsi formées, doivent avoir un intérêt commun dans l’amélioration de la condition générale de l’humanité (…) ; et elles doivent accorder une importance particulière au développement d’une culture spirituelle, c’est-à-dire des pouvoirs créateurs de l’humanité, qui ont permis à notre espèce de progresser, depuis la condition sauvage dans laquelle elle se trouvait il y a un million d’années, jusqu’à la civilisation telle que nous souhaitons qu’elle se développe aujourd’hui ».