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Comment les banques cherchent à faire du Fonds européen de stabilité financière (FESF) une pompe à finances

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(Nouvelle Solidarité) — Cinq mois après le début de la crise grecque, les dirigeants de la zone euro ont créé le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Crée pour ne durer que trois ans, son utilisation fut qualifiée « d’hypothétique » par le gouvernement Sarkozy au mois de mai. Pourtant, le FESF, dirigé par l’Allemand Klaus Regling fut activé en juillet avec la création d’une société anonyme basée dans ce paradis fiscal qui s’appelle le Luxembourg.

Pour l’instant, le FESF dispose de très peu d’argent ; il n’a que la capacité de lever 440 milliards d’euros sur les marchés grâce aux garanties des Etats de la zone euro. A cela peuvent s’ajouter 60 milliards d’euros empruntés par la Commission européenne, une fois de plus garantis par les Etats membres. La Commission pourra re-prêter cette somme en urgence et le FMI pourra ajouter 250 milliards s’il le juge nécessaire. Le FESF dispose, auprès des agences de notation, de la meilleure note. Aussi bonne que celle… des Etats-Unis jusqu’à récemment.

Calfeutrer temporairement les brèches pour faire tenir la Grèce, l’Irlande et le Portugal a permis de gagner du temps. Cependant, pour secourir l’Italie et l’Espagne, où les banques françaises sont en première ligne, la force de frappe du FESF manque de puissance.

D’où les demandes pressantes « des marchés » pour « sécuriser » le fonctionnement du FESF, en augmentant ses capacités, une décision pour l’instant totalement exclue par Angela Merkel, sous forte pression d’une opposition venant de sa propre coalition, le FDP et la CDU.

C’est dans ce contexte que le commentaire de John Dizard publié dans le Financial Times du 15 août prends tout son sens. « L’eurocratie », écrit Dizard, « se montre plus disposée qu’avant à écouter des gens ayant de l’expérience dans la restructuration des dettes ». Par exemple, l’équipe qui a conçu le programme Troubled Asset Relief Program (TARP) de Henry Paulson, l’ancien PDG de Goldman Sachs nommé secrétaire au Trésor par George Bush.

La question que se posent les acteurs du marché obligataire, est « comment les 440 milliards du FESF peuvent devenir une banque de renflouement, un TARP européen ».

Ce sera difficile, mais pas impossible, avoue Dizard qui fait l’éloge des avocats excellents de Paulson qui, en coulisse et à l’abri des regards, ont su insérer dans la loi TARP une petite disposition qui l’a transformée en une « pompe à finances pour le système bancaire ».

« Le TARP de 2008 fut écrit avec une spécificité apparente, mais il incorporait des clauses élastiques qui ont permis au Secrétaire au Trésor de le transformer d’un fond achetant des obligations en un moyen pour pomper du capital dans le système bancaire. Comme l’a dit un juriste financier : ’Il y avait un paragraphe au sein de ce projet de loi très long, qui est devenu le centre de l’action et qui n’a jamais été débattu ni même remarqué par le Congrès’. »

« La leçon clé que l’eurocratie aurait du tirer de cet épisode du TARP est qu’un fond de renflouement a besoin absolument d’un mécanisme de financement, d’un boite à cash disponible rapidement… Une fois que le Secrétaire du Trésor Paulson avait mis ses mains dans la loi TARP, les populistes n’ont rien pu faire pour l’empêcher, lui et ses successeurs, de dépenser des centaines de milliards pour acheter des titres aux banques. »

Il ressort aussi de cet article, que les banques espéraient vivement que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) allait, en plus de secourir les banques en difficulté, aider toutes les banques à la recherche de capitaux pour la recapitalisation requise pour se conformer à la nouvelle régulation dite de Bâle III. En effet, une des nouvelles prérogatives, accordée au FESF est de fournir des capitaux à des gouvernements qui recapitalisent leurs banques. Cependant, on avait pu croire que cette option visait plutôt une banque de nature « systémique » menacée de faillite et non pas toute banque soumise aux contraintes de Bâle III…

Le problème que « les amis de l’eurocratie au sein du secteur bancaire » voient dans le FESF, continue Dizard, est qu’il s’agit d’un fonds de garantie étendu par les Etats en cas de besoin et pas d’argent directement disponible. La question dans ce contexte est de savoir « comment le programme de recapitalisation pourra voir le jour rapidement » pour recapitaliser les banques. « Il semblerait que vu ces difficultés, la prochaine vague de recapitalisations des banques devra être improvisée nation par nation ». Mais, pas d’inquiétude à avoir, la « Réserve fédérale répondra rapidement aux demandes de la BCE pour avoir de l’argent frais en cas de besoin pour des swaps. Ainsi les marchés monétaires américains pourront laisser leurs dépôts en Europe sans aucune crainte. »

Illusions...


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