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Le plan LaRouche : quatre puissances pour la paix

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Karel Vereycken
Rédacteur et directeur de publication de Nouvelle Solidarité,
le bimensuel de S&P.

Nous vivons un siècle dangereux, celui du « grand soupçon » :

  • combattants iraniens en Syrie, au service d’un régime accusé de vouloir construire la bombe atomique, justifiant des frappes israéliennes…

Cette orgie de désinformation a de quoi inquiéter l’homme de la rue. Incapable de vérifier ces faits, la majorité des Français sent néanmoins que nos économies sont en panne et qu’une nouvelle guerre se prépare.

Pourtant, depuis peu, la possibilité que les « quatre grandes puissances » de la planète nous tirent de cette situation est à portée de main. Identifier ce potentiel changera votre façon de « lire » l’actualité et vous obligera à sortir de votre tanière.

Un peu d’histoire

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Harry Hopkins, éminence grise de FDR, lors de sa rencontre avec Josephe Staline.

Le 8 mai 1945, jour de la capitulation de l’Allemagne nazie, marquait la fin de la Seconde Guerre mondiale. 73 ans plus tard, sommes-nous capables de réveiller nos gouvernements, les Merkel, les Macron, les May et les Trump, qui, pour l’instant, frappés de somnambulisme, semblent nous conduire vers l’abîme ?

Or, ce qui avait permis de mettre fin à l’empire nazi à l’époque était la stratégie du président Franklin Roosevelt et d’Harry Hopkins, son conseiller en relations internationales : bâtir une alliance entre les Etats-Unis de FDR, la Russie de Staline, la Chine de Tchang Kaï-chek et le Commonwealth de Churchill, avec lesquels ils comptaient régler leurs comptes ultérieurement.

La Russie, on ne le dira jamais assez, joua un rôle décisif dans la défaite du fascisme. Si elle put jouer ce rôle, ce fut aussi grâce à Hopkins, qui convainquit FDR d’étendre la politique du prêt-bail, initialement offerte aux seuls Anglais, offrant ainsi aux Soviétiques et aux Chinois les moyens de la victoire. Ce que FDR appelait alors « les quatre gendarmes du monde » deviendra après-guerre l’embryon du Conseil de sécurité de l’ONU, à laquelle, à la demande de Churchill, la France fut ajoutée.

Comme le raconte son fils Elliot, pour Roosevelt, qui était en désaccord total avec Churchill sur ce point, il était hors de question, après la guerre, de maintenir en l’état les empires coloniaux européens. Une position que dénonçait le parti anglophile aux Etats-Unis, et notamment Henri Luce, le puissant propriétaire du Time Magazine, qui avait soutenu Mussolini. Pour lui, l’Amérique devait s’inspirer du « Siècle britannique », en fondant son propre « Siècle américain » sur le modèle du vaste pillage entrepris par l’épopée coloniale britannique au XIXe siècle. (Consulter utilement, notre article La grande famine du Bengale, ce génocide que les Britanniques vous cachent)

Le siècle de « l’homme commun »

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Henry Agard Wallace (1888-1965) en campagne avec Franklin Delano Roosevelt.

C’est par la voix de son proche collaborateur, le vice-président Henry Wallace, que FDR fera connaître son point de vue : après l’abolition de l’esclavage par le président américain Abraham Lincoln, et une fois le monde libéré du système esclavagiste nazi, tous les dirigeants devront s’engager à libérer l’homme de l’esclavage des nécessités quotidiennes : celui de la faim, de la maladie et de l’insécurité sociale.

D’ailleurs, le général de Gaulle, conseillé par Pierre Mendès France et Georges Boris, ne disait rien d’autre lorsqu’il affirmait qu’il s’agissait dorénavant

d’affranchir de l’angoisse, dans leur vie et dans leur labeur, les hommes et les femmes de chez nous, en les assurant d’office contre la maladie, le chômage, la vieillesse…

Visionnaire, dans son discours Le prix d’une victoire du monde libre, Wallace déclare le 8 mai 1942 à New York :

La paix doit inclure un meilleur niveau de vie pour l’homme commun, pas seulement aux Etats-Unis et en Angleterre, mais aussi en Inde, en Russie, en Chine et en Amérique latine – pas seulement pour les membres des Nations unies, mais aussi pour l’Allemagne, l’Italie et le Japon [les pays ennemis à l’époque]. Certains nous parlent du ‘siècle américain’ : moi je vous dis que le siècle dans lequel nous entrons – le siècle qui sortira de cette guerre – peut et doit être le siècle de l’homme commun. Partout l’homme commun doit apprendre à construire ses propres industries de ses propres mains. Partout, l’homme commun doit apprendre à accroître sa productivité afin que lui et ses enfants puissent payer à la communauté mondiale tout ce qu’ils ont reçu. Aucune nation n’aura de droits divins pour en exploiter d’autres. Les nations plus vieilles auront le privilège d’aider les jeunes nations à se lancer sur la voie de l’industrialisation, mais il ne doit y avoir ni impérialisme militaire, ni économique. Les méthodes du XIXe siècle ne seront pas de mise pendant le siècle du peuple qui va commencer. L’Inde, la Chine et l’Amérique latine jouent gros dans le siècle des peuples. Maintenant que leurs vastes populations commencent à lire et écrire, et qu’ils se transforment en mécaniques productives, leur niveau de vie doublera et triplera. La science moderne, quand elle se consacre de tout son cœur à l’intérêt général, porte en elle des potentialités dont nous n’osons pas encore rêver…

La guerre froide

Après la mort d’Hopkins et du président Franklin Roosevelt, c’est Churchill, obsédé par l’idée de faire du « communisme » un ennemi pour éviter tout démantèlement de l’Empire britannique, qui revient à la charge.

Le 5 mars 1946, à Fulton, aux Etats-Unis, en présence du président américain Harry Truman, il prononce sa fameuse allocution sur le « Rideau de fer », discours qui restera la référence tout au long de la « guerre froide ».

Churchill affirme alors que « personne ne sait ce que la Russie soviétique et son organisation communiste internationale ont l’intention de faire dans l’avenir immédiat, ni où sont les limites, s’il en existe, de leurs tendances expansionnistes et de leur prosélytisme ».

Face à cela, il juge indispensable que les « démocraties occidentales s’unissent dans le strict respect des principes de la Charte des Nations unies ». C’est dans ce cadre belliqueux que sont lancées successivement la construction d’une Europe fédérale [1] et de l’OTAN ainsi que, dès 1950, la guerre de Corée.

A la lumière de ces éléments historiques, l’actualité prend une tout autre signification. La rencontre historique qui, à moins d’un événement cataclysmique, aura lieu ce 12 juin à Singapour entre le président américain Donald Trump et le « dictateur » nord-coréen Kim Jong-un, marquera-t-elle la fin de la « nouvelle » guerre froide ?

Ce qui est sûr, c’est que sans un accord entre les grandes puissances qui ont, aux côtés des patriotes coréens, travaillé d’arrache-pied dans ce but, c’est-à-dire la Chine de Xi Jinping, la Russie de Poutine et les Etats-Unis de Trump, les forces de la guerre – cette oligarchie financière ayant élu domicile à la City et à Wall Street (Ce que nous appelons « L’Empire britannique ») et qui est de plus en plus déterminée à en découdre – ne pourra pas être vaincue.

En même temps, nous devons nous féliciter de l’émergence d’une autre grande puissance, l’Inde, et des six rencontres qui ont réuni pendant deux jours le Premier ministre indien Narendra Modi et le président chinois pour des discussions intenses et sans tabou. Si l’Inde n’annonce pas encore qu’elle s’associe à l’offre chinoise « Une ceinture, une route » (Nouvelles Routes de la soie), les deux pays vont aider l’Afghanistan, mais aussi le Népal, à en faire partie. Pour reprendre les mots de De Gaulle, l’idée d’« une entente, une détente et une coopération  » entre deux civilisations vieilles de 5000 ans et représentant ensemble presque la moitié de la population mondiale, est aujourd’hui essentielle pour le monde entier.

Le plan de Lyndon LaRouche

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Lyndon LaRouche (de profil, à droite), lors d’un séminaire organisé par le Forum on Strategic and Security Studies (FSSS) à New Delhi, le 2 décembre 2008. C’est à cette occasion qu’il évoque pour la première fois son concept des "Quatre puissances". Crédit : EIR

Réunification des deux Corées avec le feu vert américain, dialogue entre l’Inde et la Chine, rencontre entre le Président chinois et le Premier ministre japonais : qui l’aurait cru ? suite...


[1Voir leur financement par les frères Alan et John Foster Dulles.