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Sommet Chine-Afrique, J+2 (FOCAC) : L’Afrique réclame une dette plus grande !

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S&P—La fondatrice et présidente internationale de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche a parfaitement résumé le Forum et le Sommet Chine-Afrique qui vient de se terminer ce soir à Beijing :

« La confiance des dirigeants africains détermine désormais la scène mondiale (…) l’Afrique sera la pièce centrale du futur de l’Humanité. »

Au-delà des annonces spectaculaires faites hier par Xi Jinping (voir notre chronique d’hier « Ouverture du Sommet Chine-Afrique (FOCAC) : vers l’autosuffisance alimentaire du continent noir d’ici 2030  »), c’est en effet la confiance et la maturité des participants africains qui marquent ce sommet et nous bousculent. Prenons quelques citations des acteurs du sommet ces deux jours pour en saisir la portée.

Affronter les réalités, plutôt que les mettre sous le tapis

Ce lundi, le président récemment élu d’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, qui co-préside avec Xi Jinping le sommet, a tenu un discours sans nuance. A la tête de l’économie la plus importante du continent africain, le président Ramaphosa a démontré que le sommet sino-africain n’était pas un sommet de « sino-béats ».

Après avoir confirmé que les

Dix plans de coopération sino-africaine décidés en 2015 [ont] tous [été] honorés, réalisés (…) les promesses [sont donc] tenues », il constate : « Nous exportons à la Chine que ce que nous extrayons de notre terre. La Chine exporte en Afrique des biens manufacturés. Cela limite la capacité des pays africains à extraire la pleine valeur de nos ressources naturelles, et à donner le plein emploi à nos populations. C’est à travers ce type de plateforme qu’est le FOCAC que nous pouvons chercher à inverser les flux des échanges pour parvenir à l’équité entre l’Afrique et la Chine [1]. Nous sommes particulièrement fiers que Xi Jinping et son gouvernement sont, non seulement ouverts à cette requête, mais surtout encouragent des initiatives permettant d’y parvenir. Nous vous en remercions.

C’est dans ce contexte où l’on fait face, ensemble, aux problèmes, que la polémique du « piège de la dette », dans lequel seraient tombées les économies africaines - piège tendu par « l’impérialisme chinois » selon les dires des médias occidentaux ces derniers jours [2] - a fait pschitt !

L’une des raisons est que la discussion sur la dette ne fut pas taboue lors du sommet, mais un sujet de discussions entre adultes engagés à trouver une issue favorable, hors de l’aveuglement libéral habituel.

L’économiste kényane Hannah Ryder, présidente du groupe international de consultants Development reimagined, qui était invitée à commenter la cérémonie d’ouverture du FOCAC ce lundi, dans l’émission «  Dialogue » de CGTN (très suivie à l’international), n’y est pas allée par quatre chemins : à la question posée par le journaliste chinois sur l’accusation du « piège de la dette et du néo-colonialisme de la Chine en Afrique », elle a affirmé que :

[s]a réponse à cela, en tant qu’experte africaine, est que nous avons besoin de plus de dettes, peu importe qui nous prête, la vraie question est sous quelles conditions et dans quels domaines nous investissons (…) nous avons besoin de plus d’infrastructures, nous avons besoin de plus de financements extérieurs, et la contribution de la Chine est la bienvenue.

Pour sa part, faisant écho aux inquiétudes des dirigeants africains, Moussa Faki, le président de la Commission économique de l’Union africaine, a déclaré devant l’ensemble des dirigeants et des délégations africaines présentes à Beijing que l’avenir du partenariat sino-africain et du développement des économies africaines exige des « mesures d’urgence de réforme du système financier international. »

A l’heure où un certain nombre de pays émergents sont gravement fragilisés par la fuite des capitaux occidentaux (notamment la Turquie et l’Argentine), et que le système financier international est sur le point d’imploser une nouvelle fois à cause de l’orgie de capital fictif que sont les produits financiers dérivés, M. Faki remet les pendules à l’heure.

Nous l’invitons d’ailleurs, comme toute personne sérieuse, à signer l’Appel- pétition de l’Institut Schiller.

Même hauteur de vues lors des Forums annexes au sommet qui se sont déroulés ces lundi et mardi : le Forum populaire Chine-Afrique, le Forum des jeunes dirigeants, le symposium ministériel sur la coopération et le développement de la santé, le Forum sur la réduction de la pauvreté, Forum sur la coopération des médias, Forum juridique Chine-Afrique, Assises sur l’épidémie du VIH/Sida : Chine et Afrique joignent les mains pour un avenir sans maladies...

Sondage

Concluons en évoquant un sondage réalisé en octobre 2016 par Afrobaromètre sur l’opinion des Africains sur les Chinois en Afrique. 54 000 personnes ont été interrogées dans 36 pays par cet institut de sondage fondé par trois professeurs d’université. 66 % des personnes interrogées ont un avis positif ou très positifs sur la présence chinoise en Afrique.

Preuve qu’il est temps qu’en Occident, on change de lunettes pour regarder le monde, et nous-mêmes, différemment...


[180 % à 85 % des exportations d’Afrique vers la Chine sont des matières premières, à comparer au chiffre de 65% des exportations africaines vers l’UE qui sont aussi des matières premières.

[2Voir notre chronique Ouverture du Sommet Chine-Afrique (FOCAC) : vers l’autosuffisance alimentaire du continent noir d’ici 2030.