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L’insupportable épidémie de pauvreté dans le ’monde développé’

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S&P—Après 50 ans de néolibéralisme imposé sur l’Europe et les États-Unis, l’ensemble de l’édifice est sur le point de s’effondrer. Comme le montrent de nombreuses études, les niveaux de vie chutent en France, en Italie, en Grèce, aux États-Unis et même en Allemagne, créant progressivement un ferment de grève de masse au sein de populations poussées au désespoir, comme on le voit aujourd’hui en France avec la mobilisation des « Gilets jaunes ».

Grande-Bretagne : calamité sociale et désastre économique

Philip Alston, le rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme aux Nations unies, vient de publier les résultats de son enquête sur la pauvreté en Grande-Bretagne. Jusque là, il concentrait ses travaux sur les pays en développement comme la Chine, le Ghana ou la Mauritanie, où l’extrême pauvreté est endémique. Mais l’offensive contre la classe ouvrière dans les pays capitalistes avancés est telle qu’il a dû se tourner vers eux. Aux États-Unis, où il s’est rendu en 2017, il a été « choqué » par les niveaux de pauvreté et d’inégalité (nous reviendrons sur la situation américaine dans la prochaine chronique).

En Grande-Bretagne, la politique d’austérité qui a été pratiquée par le Parti conservateur ces dix dernières années, appauvrissant délibérément la classe ouvrière, est selon Alston en violation de la convention des droits de l’homme de l’ONU. En effet, dans la cinquième économie la plus prospère du monde, 14 millions de personnes vivent dans la pauvreté ; quatre millions d’entre elles se trouvent à plus de 50 % en-dessous du seuil de pauvreté, et un million vivent sans aucune ressource. Le taux de pauvreté infantile est « stupéfiant », et il pourrait augmenter de 7 % entre 2015 et 2022, pour atteindre 40 % des enfants britanniques. « Que près d’un enfant sur deux soit pauvre au XXIe siècle est non seulement une honte, mais c’est une calamité sociale et un désastre économique à la fois ».

Des millions de personnes souffrent d’une « grande misère », écrit Philip Alston, car « la compassion britannique pour ceux qui souffrent a été remplacée par une approche punitive, mesquine et souvent cruelle » (lire la chronique du 26 mars 2018, Réforme de l’assurance chômage de Macron : le darwinisme au beau visage).

Dans les neuf villes où le rapporteur de l’ONU s’est rendu... La suite...