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Bienvenue à Xi Jinping en France ! l’Italie nous montre l’exemple

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Johanna Clerc

S&P—L’Italie s’apprête à devenir le premier membre du club très sélect du G7 à rejoindre l’ICR (Initiative une Ceinture, une Route, autrement appelée Nouvelle Route de la soie) lancée par la Chine… Ce serait un grand pas vers la concrétisation du « Pont terrestre mondial » imaginé par les LaRouche, cette nouvelle approche de « paix par le développement mutuel » qu’ils ont défendue pour le monde. C’est aussi un défi lancé à la France, que la tradition gaulliste aurait dû pousser à prendre une part active à ce projet.


Le 22 mars, le président chinois Xi Jinping atterrira à Rome pour une visite d’Etat de deux jours, avant de se rendre en France. Plusieurs membres du gouvernement italien ont confirmé qu’un protocole d’entente devrait être signé entre les deux Etats pour formaliser la participation de l’Italie à l’ICR. Il ne s’agit pas de simples accords commerciaux, mais d’un texte qui pose un cadre pour une coopération renforcée, et dont la portée symbolique est très forte.

Si treize pays de l’UE (Pologne, République tchèque, Slovénie, Slovaquie, Hongrie, Bulgarie, Croatie, Grèce, Portugal, Malte et pays Baltes) ont déjà signé un accord de ce type avec la Chine, l’Italie serait le premier membre fondateur de l’UE à le faire. De quoi donner des sueurs froidesaux va-t-en guerre de part et d’autre de l’Atlantique, et plus généralement, à tous ceux qui souhaitent maintenir le monde divisé en blocs géopolitiques, où les « gentils » de l’Occident combattent les « méchants » du reste du monde.

Symptomatique de la réaction des chiens de garde des faucons anglo-américains, ce tweet quelque peu méprisant du porte-parole du Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis :


(Traduction : « L’Italie est une économie à dimension internationale majeure et une très bonne destination pour les investissements. Le gouvernement italien n’a pas besoin de prêter de la légitimité au projet vaniteux chinois d’infrastructure. »)

La conférence tenue le 13 mars par Movisol, notre parti frère en Italie, ne pouvait donc pas mieux tomber ! Co-organisée avec la région de Lombardie, elle portait justement sur « l’Italie et la Nouvelle Route de la soie ».

Dans son discours d’ouverture, Michele Geraci, sous-secrétaire d’Etat auprès du ministère du Développement économique et responsable du groupe de travail du gouvernement italien avec la Chine, a calmement expliqué en quoi la coopération avec la Chine ne pouvait que bénéficier à l’Italie : « Face au vent, il y a ceux qui construisent des murs et ceux qui construisent des moulins. » Autrement dit, il ne s’agit pas de savoir si l’on autorise la Chine à venir ou pas en Europe : elle est là !

Comme Geraci l’a souligné, l’ICR représente en particulier pour la région la plus pauvre de l’Italie, le Sud du pays, une perspective de développement sans précédent. Par sa proximité avec l’Afrique du Nord, le Mezzogiorno pourrait en effet devenir l’une des pierres angulaires de l’ICR entre l’Afrique et l’Europe, grâce notamment au développement du port de Palerme. Il est d’ailleurs prévu que Xi Jinping se rende en Sicile pour visiter ce port lors de son séjour.

Les échanges entre l’Italie et l’Afrique sont appelés à croître significativement, la Chine et l’Italie ayant déjà commencé à travailler ensemble pour l’essor du continent africain.

Dans ce contexte, le projet Transaqua pour revitaliser le lac Tchad a été présenté par M. Bocchetto, un ingénieur de Bonifica, l’entreprise qui mène l’étude de faisabilité avec la Chine. Le sénateur d’origine nigériane Tony Iwobi (affilié à la Ligue), premier sénateur noir élu en Italie, a exprimé dans son message toute l’importance que revêt ce projet.

Il ne s’agit pas de vendre les infrastructures existantes aux Chinois, a insisté Geraci, mais l’accord prévoit au contraire de les autoriser à en construire de nouvelles, afin d’accroître les capacités d’accueil des grands ports italiens (Trieste, Gênes, Palerme, etc.). De même, l’enjeu n’est pas d’ouvrir de nouvelles voies de communication pour voir déferler des tonnes de produits made in China, mais de permettre aux industries italiennes d’exporter davantage vers le gigantesque marché chinois.

Notre amie Helga Zepp-LaRouche, présidente de l’Institut Schiller, montra quant à elle la nécessité de mener à bien le projet de LGV Lyon-Turin, ce maillon du corridor transcontinental Lisbonne-Kiev indispensable pour intégrer l’Italie dans le processus. Ce qui ne fait pas l’unanimité au sein du gouvernement italien.


Surtout, l’ICR ne doit pas être considérée comme un simple partenariat commercial et infrastructurel entre différents pays, mais bien comme le changement de paradigme culturel, idéologique et politique indispensable pour éloigner le spectre d’une troisième guerre mondiale. Plusieurs médias italiens ont d’ailleurs rapporté que les inquiétudes de l’ambassade américaine à Rome étaient principalement liées à un passage du protocole d’entente, selon lequel l’ICR allait poser les bases d’une « communauté de destin partagé pour l’humanité ».

A l’heure où les désaccords tiraillent l’Europe, la décision de l’Italie n’est-elle pas justement une grande occasion d’unifier notre continent ? Oui, répond Mme Zepp-LaRouche, non pas derrière la bureaucratie de l’UE, mais dans la conception gaulliste et des pères fondateurs, celle qui entend en faire un pont de l’Atlantique à la mer de Chine.

Ainsi, l’Europe pourra de nouveau jouer un rôle essentiel dans la situation stratégique : « Car une Europe des pères fondateurs, unie, incluant bien entendu l’Allemagne et la France, coopérant avec l’ICR, serait le meilleur moyen de forcer les Etats-Unis à abandonner leur opposition (qui n’est pas due à Trump lui-même mais à des forces contraires au sein de son administration) et à rejoindre le nouveau paradigme, a-t-elle déclaré. En ce sens, ce que fait l’Italie actuellement est de la plus haute importance historique. »


LaRouche et l’Italie

Liliana Gorini, présidente du Movisol (à droite sur la photo ci-dessus), conclut la conférence en la dédiant à Lyndon LaRouche. En Italie, ses idées rencontrent un vif intérêt depuis plus de 30 ans.

Dans le domaine culturel, on se rappellera la campagne menée à partir des années 1980 par l’Institut Schiller pour rétablir un diapason respectant la voix humaine (la 432), avec le soutien de grands noms du bel canto italien tels que Bergonzi, Cappuccilli ou Domingo. Après l’emprisonnement de LaRouche, 80 membres du Parlement italien appelleront à sa libération.

Bien plus tard, en 2007, il témoigne devant la commission de la Défense du Sénat italien pour expliquer le lien entre science, économie et guerre, et participe à des rencontres avec d’autres Parlementaires.

Il met en garde contre la crise financière imminente et appelle à un Nouveau Bretton Woods. Deux ans plus tard,il est invité à s’exprimer sur cette question devant la chambre des députés et amène la nécessité d’un Glass-Steagall(séparation stricte des banques).

Aujourd’hui, beaucoup en Italie admettent qu’il avait vu juste. Le 16 mars, Alessio Villarosa, député et sous-secrétaire du ministère de l’Economie et des Finances, vient d’ailleurs de réunir un comité pour remettre le Glass-Steagall sur la table…