Lyndon H. LaRouche
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Le CCC de Roosevelt : Assurer une formation à chaque jeune pour sortir de la crise

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(Nouvelle Solidarité) – Répondant le 30 janvier lors de sa conférence internet à la question d’un syndicaliste sur la reconversion de l’industrie automobile et le redéveloppement des Etats-Unis, l’économiste américain Lyndon LaRouche a ravivé le projet du Civilian Conservation Corps (CCC) de Franklin Roosevelt pour donner aux jeunes une formation accélérée aux activités productives qui seront la base d’une reprise économique réelle.

Question d’un responsable du syndicat de l’industrie automobile UAW, dans l’Ohio :

J’avais participé il y a trois ans à l’une de vos conférences internet et il me semble que depuis, de nombreuses personnes ont ouvert les yeux [il faisait ici allusion à l’époque où Lyndon LaRouche avait proposé un plan de reconversion de l’industrie automobile, qui fut rejeté au Congrès par Nancy Pelosi et certains démocrates comme Barney Frank - ndlr]. Cette politique rencontre désormais un soutien beaucoup plus vaste ; alors cette fois-ci, remportons la victoire et surtout, continuez votre effort ! J’espère que nous pourrons rouvrir les capacités industrielles du secteur automobile afin de rebâtir l’infrastructure du pays et des centrales nucléaires. Comment pouvons-nous y arriver ?

Lyndon LaRouche :

Il y a aujourd’hui pénurie de technologie dans l’économie américaine. Nous n’avons plus l’outil industriel que nous possédions auparavant, il a été détruit. La main d’œuvre a été décimée et nous avons perdu la majeure partie de nos machines-outils. Les bassins industriels de l’automobile et de l’aéronautique ont disparu, particulièrement depuis début 2006, lorsque le Congrès a trahi le pays.

Toutefois, il reste un vaste potentiel humain, en particulier celui des ouvriers, ingénieurs et techniciens spécialisés dans le domaine de la machine-outil. Cette force de travail est essentielle et c’est sur elle que nous devons nous appuyer. C’était l’idée du Economic Recovery Act of 2006 que nous avions présenté au Congrès.

Comment faire ? Eh bien, il faut commencer par créer un nouveau CCC. Prenons d’abord la liste des anciens de la machine-outil et d’autres secteurs industriels et remettons-les de l’avant : ils assureront l’encadrement des formations. D’une part, ils prendront en charge les équipes devant être réintégrées à la force productive, et de l’autre, ils formeront directement les jeunes. Ces derniers en ont grand besoin ; ils sont dans un état tel que personne ne voudrait les embaucher. Mais nous voulons qu’ils trouvent un travail, quoi qu’il en soit, et nous devons donc mettre en place un dispositif pour qu’ils deviennent embauchables.

Dans les années 1930, le CCC a formé toute une population de gens qui étaient, certes, en bien meilleur état que les jeunes d’aujourd’hui ; à nous de le raviver pour y former les 16-25 ans. Nous devons les extraire de leur environnement social car c’est de là que provient leur déchéance. Sortons-les de là ! Sinon on ne pourra rien faire d’eux. Sortons-les de leurs quartiers dont l’ambiance les affecte. Si nous voulons les former, il faut d’abord les placer dans des centres de formation professionnelle où ils seront dans un nouvel environnement qui leur permettra d’acquérir de nouvelles habitudes. C’est votre responsabilité.

Que faire d’eux ensuite ? Eh bien, il faut nouer une relation, un dialogue. Emmenez-les sur un terrain où ils sentent que vous êtes leur ami, que vous leur voulez du bien. Peut-être ne seront-ils pas d’accord au début, mais ils comprendront que votre attitude à leur égard est positive, que vous pensez que leurs histoires de quartier ne sont pas bonnes pour eux. Ils risquent de râler, souvent parce qu’ils sont habitués à prendre de la drogue, mais si on ne fait pas l’effort de les emmener là où ils ne peuvent s’en procurer, on n’arrivera à rien. Ils peuvent être portés à sombrer dans la débauche sexuelle, alors ils doivent être dans un environnement où toutes ces choses ne sont pas à portée de main.

Il s’agit de leur donner une deuxième chance, une nouvelle vie. Vous les traiterez comme s’ils étaient vos enfants. Non pas qu’il faille les materner, surtout pas, mais discuter ouvertement des choses, des problèmes qu’ils ont. Ce serait comme les débarrasser de ces vieilles chaussettes qu’ils ne lavent jamais ; s’ils ne peuvent s’empêcher de les mettre, alors faites en sorte qu’ils les lavent !

Il faut créer les conditions pour qu’ils décident de changer de vie. Nous devons nous engager à sauver la plus grande partie de ces jeunes. Nous savons d’avance que dans de nombreux cas nous n’y arriverons pas, car certains sont dans un état déjà trop détérioré. Mais nous allons essayer, en nous montrant humains envers chacun d’entre eux. Nous ne devons pas perdre de vue que nous sommes là pour former le cœur de la force de travail de demain. Nous devons donc leur offrir toutes les opportunités possibles en leur donnant des formateurs qui leur permettent d’acquérir les compétences qui les attirent.

Ce sera comme un jeu pour eux, une nouvelle forme de jeu bien différente des jeux dangereux auxquels ils jouaient auparavant. Il faut leur parler des objectifs de ce jeu, comment apprendre à y jouer, et puisqu’ils sont jeunes, ils réagiront à cela, car les jeunes fonctionnent par le jeu. Leur nouvel environnement doit leur permettre de faire la transition vers leur autoformation, leur autodéveloppement. Vous vous rendrez compte qu’un certain nombre d’entre eux seront rapidement prêts pour cela.

Les anciens ingénieurs, concepteurs de machines-outils et autres, donneront à ces jeunes une qualification et une conception du travail qui leur permettra d’occuper un emploi productif. C’est cette relation qui est intéressante, entre une génération d’hommes expérimentés et ces jeunes qui n’ont rien pour réussir.

Les jeunes qui sont nés ces vingt-cinq dernières années ont été jetés dans une société mortifère et se sont adaptés à sa corruption. Il faut donc leur donner une chance d’entrer dans une société nouvelle. Rien de mieux pour cela que de les faire encadrer par les anciens d’une génération précédente qui possèdent les qualifications requises et qui verront en ces jeunes leur propre responsabilité. Le but est de les aider à faire la transition vers une vie meilleure et utile, ce qui est fondamental pour eux, afin qu’ils retrouvent leur dignité.

Le plus gros obstacle sera la drogue. Pour cette simple raison, entre autres, il faut les sortir de leur environnement habituel et les installer dans des centres de formation professionnelle où ils seront encadrés, où ils pourront progresser, puis être accompagnés vers une opportunité d’embauche dans le domaine où vous les aurez formés.

Par exemple, nous allons créer un système national de trains à grande vitesse. Nous ne nous débarrasserons pas des voitures mais nous les utiliserons beaucoup moins. Il nous faut aussi rebâtir des canaux et des systèmes de gestion de l’eau. Ces projets majeurs ne pourront se faire sans les services et les compétences des industries locales. Pour financer ces grands projets, nous allons émettre du crédit public. De très nombreuses entreprises privées seront associées à ces chantiers, ainsi que des agences qui seront créées sur la base de ce crédit, et elles emploieront les personnes ayant les qualifications requises pour réaliser immédiatement ces projets.

Les travaux dans lesquels les jeunes étaient employés ont permis de les former à des métiers qualifiés, leur ouvrant l’accès à des postes de techniciens ou d’ingénieurs. Ici à Yanceyville en Caroline du Nord. Se créeront ainsi des industries locales sur le lieu où les projets se réalisent. Cet aménagement du territoire est essentiel pour rompre la spirale des temps de trajet domicile-travail qui n’en finissent plus et pour recréer un système de villes – pas des grandes villes ou des mégalopoles – constituées de 25 000, 50 000 ou 100 000 habitants maximum. Toutes ces villes devront être sur le chemin de ces grands projets de transport ferroviaire, canaux ou système de distribution électrique. Le financement de tout cela se fera par un système de crédit public opérant dans un système bancaire mis sous la coupe de la loi Glass-Steagall. Ce crédit servira de capital pour créer ces nouvelles industries.

Les projets publics à grande échelle deviennent ainsi le moteur du développement des industries nécessaires pour les réaliser, s’installant sur leur lieu de mise en chantier. Pour résumer, vous prenez la masse des gens sans emploi, ou exerçant un travail sans réelle utilité, vous faites ce que vous pouvez pour en sortir un maximum de leur enfer quotidien et vous les mettez en situation de développer une identité nouvelle. Dans ce projet, personne n’est un déchet de la société et personne ne le sera. Notre objectif, c’est qu’ils puissent tous devenir quelqu’un, qu’ils puissent apporter à la société une contribution dont ils n’aient pas à avoir honte, qu’ils aient la chance de mener une vie fructueuse et, espérons-le, longue, plutôt que de se faire tuer dans une ruelle sombre pour une peccadille.

C’est aussi simple que cela. Ceux qui ont mon âge, il y en a hélas trop peu, en avons vécu l’expérience.

Nous devons créer une dynamique comparable à ce qu’avait fait Franklin Roosevelt à son époque et à sa façon. La situation n’est pas tout à fait la même aujourd’hui, mais le principe reste le même. Nous devons juste concevoir la manière dont ce principe doit s’appliquer aux circonstances actuelles. Il faut simplement combiner le sauvetage de nos jeunes avec celui de nos travailleurs qualifiés qui sont frappés par l’inactivité ; il y a une solution commune à ces deux problèmes. Lançons de grands projets et créons les industries qui leur seront nécessaires sur les territoires qu’ils traverseront.

Voilà comment nous pouvons fonctionner dans un système de crédit, avec un plan pour réintégrer les chômeurs et inactifs expérimentés, et ceux qui n’ont aucune qualification parmi la jeunesse. A partir de là, donnez-vous vingt-cinq ans. Entre-temps, je ferai tout ce que je peux pour que ça marche !