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Hong-Kong : l’intégration et le développement économique pour sortir de la crise

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S&P—Face au soulèvement des Hongkongais, Beijing tente de désamorcer la crise, d’une part en désignant les « tycoons », les milliardaires contrôlant presque toute l’économie, comme responsables de la dégradation des conditions de vie sur l’île, et d’autre part en accélérant la politique de développement et d’intégration économique.

Partout dans le monde, au Chili, en Algérie, en France, au Liban, etc, on assiste à des soulèvements populaires contre la mondialisation financière et le système à deux vitesses qu’elle a engendré, où les riches deviennent toujours plus riches et les pauvres infiniment plus pauvres. A Hong Kong, alors que l’élément central de la révolte est incontestablement d’ordre géopolitique — une tentative de provoquer un changement de régime par les agences de renseignements anglo-américaines (voir notre chronique du 20 septembre)—, les souffrances des millions de Hongkongais vivant dans ce qui fut le paradis de ultralibéralisme sont clairement instrumentalisées par les ennemis de la Chine.

Ne pas se tromper d’ennemi

Il est donc essentiel de distinguer l’ultra-minorité composée des alliés inconditionnels et des agents des Occidentaux, entraînés aux tactiques de guérilla des Black blocs, de la grande majorité des manifestants, qui se mobilisent en raison de conditions économiques très difficiles qu’ils subissent dans leur quotidien : impossibilité d’accès au logement, retraites de misère pour les seniors, peu d’emplois pour les jeunes... ce à quoi s’ajoute la crainte du déclassement de Hong-Kong par rapport aux autres villes chinoises.

Le problème est que les manifestants ont été induits à s’attaquer au gouvernement central chinois, alors que les principaux responsables de leurs conditions de vie se trouvent plutôt du côté des quelques familles milliardaires qui ont la main mise sur presque tous les secteurs de l’économie. Il s’agit des « tycoons », qui ont hérité de l’ancien système oligarchique britannique, et que Beijing n’a pas démantelé jusqu’ici. Parmi eux, quatre conglomérats dynastiques se partagent l’essentiel de l’immobilier résidentiel et commercial, alors qu’un Hongkongais sur deux n’est pas propriétaire.

Le fait nouveau est que Beijing et le gouvernement administratif de Hong-Kong ont commencé à pointer du doigt cette poignée de milliardaires. Dans un communiqué officiel publié à la mi-septembre, la Commission des Affaires politiques et légales chinoise écrivait : « Dans le chaos actuel à Hong-Kong, beaucoup de jeunes ont tourné leur insatisfaction et leur colère vers le gouvernement, mais il faut relever qu’ils se sont probablement trompés de cible ».

Le journal Le Monde, dans un article paru le 17 octobre, commente sur un ton quelque peu irrité : « La Chine aimerait lire les événements du Hong-Kong comme une crise sociale, une crise surtout du logement, dans la ville où le mètre carré est le plus cher du monde. Et s’il faut des coupables sur ce thème, ce sont bien les grands promoteurs immobiliers, équivalents du propriétaire terrien que le parti unique a combattu historiquement en Chine ».

Selon ce quotidien, jusqu’ici il existait un accord tacite entre le pouvoir central chinois et les familles milliardaires hongkongaises, qui avaient fui la Chine continentale sous le régime maoïste : leur bienveillance en échange de la protection de leurs fortunes. Toutefois, « le président chinois actuel, Xi Jinping, a montré plus d’hostilité à l’égard des tycoons et des entrepreneurs en général que ses prédécesseurs », observe le commentateur Chip Tsao, cité par le Monde.

Sortir de la crise par le haut

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