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Iran-États-Unis : le camp de la paix lance l’offensive diplomatique
10 janvier 2020
S&P—Les frappes iraniennes lancées dans la nuit du 7 au 8 janvier, en riposte à l’assassinat du général Soleimani, ont paradoxalement créé les conditions d’une relative détente. D’intenses négociations diplomatiques sont en cours. Suite à la douzaine de missiles balistiques lancés mercredi matin par l’Iran sur deux bases américaines en Irak (à l’heure exacte à laquelle le général Qassem Soleimani a été assassiné cinq jours auparavant), le président Trump a tweeté : Tout va bien. (…) L’évaluation des dégâts et des victimes est en cours. Jusqu’ici, tout va bien ! Nous avons l’armée la plus puissante et la mieux équipée au monde, de loin ! Je ferai une déclaration demain matin. Une heure après, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, à qui les États-Unis viennent de refuser un visa pour se rendre à l’ONU, a écrit sur son propre compte Twitter : L’Iran a pris et terminé des mesures proportionnées d’autodéfense conformes à (…) la Charte de l’ONU en attaquant une base d’où ont été lancées des attaques lâches contre nos citoyens et officiers de haut rang. Nous ne cherchons pas l’escalade ou la guerre, mais nous nous défendrons contre toute agression. Dans son intervention mercredi matin depuis la Maison-Blanche, Trump a repris la rhétorique américaine caractérisant l’Iran comme la principale force terroriste du monde, comme l’ont fait tous les dirigeants américains depuis la Révolution iranienne de 1979. Mais il a également affirmé que « l’Iran semble reculer, ce qui est une bonne chose pour toutes les partis concernées et une très bonne chose pour le monde », ajoutant que « Daesh est un ennemi naturel de l’Iran. La destruction de Daesh est bonne pour l’Iran, et nous devrions travailler ensemble pour cela ainsi que pour d’autres priorités communes ». La diplomatie à l’œuvre Il y a beaucoup de choses que nous ignorons de la diplomatie secrète des derniers jours qui a créé cette situation si particulière où une attaque iranienne contre les États-Unis – la première attaque directe contre les forces américaines dans la région – débouche sur une détente relative dans les tensions, et sur des efforts pour aboutir à une solution pacifique. Plusieurs analystes suggèrent que le Pakistan est intervenu entre l’Iran et les États-Unis, d’autres parlent du Qatar ou d’Oman. Ce qui est certain, c’est que le président Poutine est intervenu directement auprès des deux parties. L’ancien ministre de la Défense de l’administration Clinton, William Cohen, a affirmé sur CNBC le 7 janvier que « le président Poutine va essayer de garantir la paix. Je pense que Poutine va se manifester et dire : ’Donald, laissez-moi vous aider à résoudre ce problème pour vous’ ». La première initiative américaine devrait être de retirer les troupes d’Irak, selon Cohen. « C’est quelque chose que les Iraniens souhaitent et dont les Russes seraient très heureux ». La Russie est devenue « un acteur majeur en Syrie et dans l’ensemble de la région », a-t-il ajouté. |