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La Chine, elle, s’attaque à la main mise impériale des ’Big Tech’

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S&P—En effaçant Trump d’Internet, les GAFAM ont fait tomber le masque, dévoilant au grand jour le visage d’un « totalitarisme cybernétique » qui a suscité les indignations de Bruno Le Maire et même d’Angela Merkel, laquelle avait beaucoup hésité dans un passé récent à s’en prendre fiscalement à ces monstres, comme le proposait la France. Le gouvernement chinois a quant à lui déclaré la guerre aux Big Tech chinois – et en premier lieu à l’empire Alibaba de Jack Ma – montrant que, si l’État le décide, il est parfaitement possible de stopper la main mise impériale du privé sur le public.

Avec la censure des comptes officiels de Donald Trump et la chasse aux sorcières maccarthyste contre les trumpistes, conduites par les géants de la Silicon Valley, les médias et une classe politique américaine rongée par la corruption, le monde est entré dans une dérive extrêmement dangereuse. D’autant plus dangereuse dans le contexte de la crise sanitaire et économique actuelle, où les médias nourrissent le sentiment de confusion parmi les populations, empêchant ces dernières de prendre la mesure réelle du danger. Au point que certains approuvent la censure d’un président des États-Unis par des entreprises privées, sans voir que cela fixe un précédent qui pourra désormais frapper n’importe qui.

Le bannissement de Trump de Twitter, Facebook, Instagram, etc, est équivalent à « une explosion nucléaire dans le cyberespace » ,a déclaré Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. Pour l’ancien président Dmitri Medvedev, actuel vice-président du Conseil de sécurité de Russie, il s’agit d’un « cyber-totalitarisme » qui « envahit progressivement la société », les géants du numérique californiens tentant de se substituer aux institutions de l’État et d’imposer leurs vues sur les masses.

Dans une interview accordée le 15 janvier à la China Radio International (CRI), la présidente internationale de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche, a déclaré :

Bien que l’on puisse être en désaccord avec Trump, cette censure est un coup d’État par les Big Tech et par le complexe militaro-industriel dont elles font partie, et qui considèrent la Chine et la Russie comme leur ennemi. (…) Ils ont accumulé un pouvoir qui dépasse tout ce que nous avons connu dans l’histoire ; les laisser censurer tous ceux avec qui ils sont en désaccord reviendrait à accepter la dictature.

Xi Jinping contre l’empire Jack Ma

A l’autre bout du monde, le gouvernement chinois s’est engagé dans une voie diamétralement opposée. Le 3 novembre, alors que l’entrée en bourse du groupe Ant, le bras financier d’Alibaba, devait consacrer l’intégration des géants numériques chinois dans la mondialisation financière, Beijing a soudainement mis un coup d’arrêt à l’opération.

Quelques jours plus tôt à Shanghai, Jack Ma – le « Steve Jobs chinois » – avait ouvertement critiqué le « système financier et bancaire chinois archaïque et entravant l’innovation  ». Un crime de lèse-majesté de la part du fondateur d’Alibaba, qui se trouvait déjà dans le collimateur de la Commission pour la stabilité financière et le développement dirigée par le vice Premier ministre Liu He.

Et tandis que Jack Ma a ensuite disparu de la circulation, les autorités chinoises ont accru la pression : le 10 novembre, la nouvelle réglementation anti-monopole s’appliquant aux géants du numérique a été présentée, et le 14 décembre Alibaba et Tencent ont été condamnées à verser une amende symbolique de 70 000 euros ; tout en mettant sur la table la carte de la nationalisation suite...