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La télé publique a fait son boulot : l’empire financier de la City sous les projecteurs !

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La City, la finance en eaux troubles
documentaire de Mathieu Verboud
Zadig productions
2011
52mn

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Par Bertrand Buisson

France 5 diffusait mardi 18 octobre un film documentaire inédit braquant enfin les projecteurs sur la City de Londres. La City, la finance en eaux troubles a pu montrer aux téléspectateurs français, à une heure de grande écoute, que cette Cité-Etat nichée au cœur de la capitale britannique est non seulement le centre, mais la mère de la mondialisation financière.

Indépendante de la Couronne britannique, la City de Londres est un vestige du monde médiéval dont les privilèges fiscaux et juridiques durent depuis mille ans et lui confèrent le statut envié de paradis fiscal. Mais comme le souligne très bien le film, la City est surtout le centre névralgique d’une nébuleuse offshore internationale. Alors que l’empire colonial anglais fermait officiellement ses portes dans l’après-guerre, la City de Londres a reconverti l’ensemble des possessions et ex-dominions britanniques en paradis fiscaux – Jersey, Guernesey, les Caïmans, les Iles Vierges, les Bahamas, Man, les Bermudes, etc. – tissant ainsi une toile mondiale lui permettant de capter l’ensemble des flux financiers mondiaux, qu’ils soient légaux ou non. Car en effet, ces paradis fiscaux patronnés par la City, ont pour fonction première le secret. Ils servent tout aussi bien à capter et blanchir les centaines de milliards de dollars générés annuellement par le trafic de drogue, qu’à permettre les spéculations les plus folles à n’importe quel opérateur financier ou même acteur économique, puisque l’essentiel des grandes banques, des multinationales et des grandes fortunes y ont des succursales leur permettant d’évacuer revenus et profits afin de contourner l’impôt. Selon les économistes du Tax Justice Network consultés dans le film, l’Etat britannique perdrait 150 milliards de recettes fiscales par an à cause de ce système, alors qu’une austérité de plus en plus féroce s’abat sur les sujets de sa majesté.

Mais ce qu’il nous faut souligner ici, c’est qu’il ne s’agit en rien d’un problème anglais, mais d’un fléau mondial, d’un péril pour l’ensemble de l’humanité. La City de Londres est le centre de la finance mondiale et règne en maître sur le commerce des monnaies, des matières premières et des produits financiers dérivés. Son système offshore aspire la majorité des investissements et du commerce mondiaux, détournant l’argent qui devrait servir à alimenter le développement des peuples et des territoires. Tous les pays du monde perdent des rentrées fiscales, subissent la loi des trafiquants ou du terrorisme à cause de cet empire offshore. Une grande partie des produits de consommation que vous achetez – du kilo de banane à l’ordinateur – échappent à l’impôt aussi bien dans le pays d’origine que dans le pays de destination. Les fortunes qui spéculent sur l’immobilier des grandes capitales, rendant les loyers hors de prix et poussant les travailleurs à l’exode péri-urbain, sont le fruit de ce système. Et d’où croyez-vous que vient l’argent finançant les extravagances du foot-business ? Et les liquidités des banques ? La criminalité en col blanc n’est plus un appendice du système, elle est le système ; et ce système a un nom : Empire britannique.

Les haut fonctionnaires français collaborent avec la City et marchent de plein gré dans ses combines depuis que de Gaulle est parti, la droite comme la gauche ont pactisé pendant 30 ans avec Thatcher et Tony Blair dans cette vaste entreprise de « dérégulation » financière, la majorité des économistes ont préféré ne pas voir ni entendre, et nombre de journalistes ont qualifié de fous ou de conspirationnistes ceux qui ont osé dénoncer et combattre politiquement « l’Empire britannique ».