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LaRouche : une solution hors système pour arrêter la flambée des prix de l’énergie

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S&P—Aujourd’hui, l’hyperinflation fait flamber les prix du gaz naturel. Bien que l’UE traine les pieds pour fournir les autorisations permettant au gazoduc NorthStream II d’apporter plus de gaz russe à l’Europe, Washington accuse la Russie d’être à l’origine de la flambée des prix.

« Toute la politique européenne était de sortir des contrats à long terme et cette politique s’est avérée erronée », a rétorqué avec raison Vladimir Poutine lors d’une réunion avec les responsables du secteur énergétique russe. « En conséquence, le prix du gaz a désormais battu tous les records historiques : aujourd’hui, il approche les 2.000 dollars par mille mètres cubes, soit plus de dix fois plus que le prix moyen de l’année dernière », a ajouté le président russe.

Ce que le président russe souligne aujourd’hui, correspond avec ce que disait l’économiste américain Lyndon LaRouche (1925-2019) dès septembre 2000 : au-delà de telle ou telle mesure permettant d’adoucir les chocs (primes, baisse de la TVA et d’autres taxes, etc.), la seule façon de libérer l’économie réelle des griffes des marchés spéculatifs passe par des accords entre Etats souverains.

Maîtriser l’inflation pétrolière

par Lyndon LaRouche, septembre 2000.

1. Ce qui suit est une déclaration politique préliminaire, concernant l’action urgente que doivent engager les Etats pour maîtriser la hausse actuelle des prix du pétrole.

2. D’une manière générale, l’inflation des prix du pétrole menace de devenir le détonateur d’un effondrement chaotique de la plupart, sinon de toutes les économies du monde. Les actions proposées ici pour faire face à cette urgence ne résoudront pas le problème plus général des systèmes financiers et monétaires mondiaux, mais elles représentent un pas important, voire décisif, dans cette direction.

3. La cause sous-jacente de la crise, dont la hausse actuelle des prix de pétrole n’est que la principale conséquence, est une hyperinflation générale des prix des actifs financiers, se traduisant par une hyperinflation accélérée des prix des matières premières, suivant une tendance similaire à celle subie par l’Allemagne de Weimar entre mars et novembre 1923.

4. Pour des diverses raisons, convergentes et relativement évidentes, l’effet le plus brutal de cette spirale ascendante d’hyperinflation financière s’exprime par une ampleur et un rythme d’augmentation dévastateurs des coûts du pétrole. L’effort de plus en plus désespéré visant à garantir l’afflux d’actifs financiers vers la zone dollar, a profité de plusieurs facteurs permettant d’augmenter la valeur de ses actifs à partir de la tendance hyperinflationniste des prix finaux des produits pétroliers.

Ces facteurs comprennent :

  • l’hyper-concentration des grandes compagnies pétrolières aux mains de quelques-uns par le biais de fusions et d’acquisitions,
  • le rôle accru du marché spot [1],
  • le fait de libeller les livraisons en dollar américain,
  • et une intensité de l’activité spéculative, en particulier sous forme de produits financiers dérivés, menaçant de porter bientôt le prix du pétrole du baril entre 40 et 50 dollars, voire plus.

5. Aucun moyen ordinaire ne pourrait permettre de maîtriser ce problème, même à court terme. Seules des mesures drastiques, prises de concert par et entre les gouvernements nationaux souverains, permettraient de juguler la crise. Toute autre proposition ne serait qu’une illusion puérile. Dans l’immédiat, soit on entreprend ce type d’action gouvernementale, soit on assistera probablement à l’explosion d’un chaos international dans les semaines à venir.

6. L’action appropriée, qui doit être menée par le gouvernement américain, doit viser à une coopération immédiate d’urgence entre les gouvernements des principales nations exportatrices de pétrole et des principales nations consommatrices.

7. Ces gouvernements doivent :

  • déclarer un état d’urgence stratégique générale, portant sur la stabilité des flux et des prix des approvisionnements énergétiques essentiels des économies nationales ;
  • conclure des contrats, directement entre Etats, d’au moins douze mois de livraisons de pétrole, programmées par les gouvernements des nations exportatrices vers les nations consommatrices ;
  • définir des prix raisonnables pour ces contrats ;
  • sur la base d’une stratégie mondiale d’urgence en matière de prix et d’approvisionnement, ces gouvernements doivent imposer une priorité dans la gestion de ces flux de pétrole contractuels par le biais des raffineurs concernés vers les catégories prioritaires de consommateurs dans chaque nation, entraînant la mise en attente des autres stocks dans la mesure où ces livraisons doivent être traitées en premier.

8. Il est évident que cette action dissipera en grande partie la tendance hyperinflationniste en cours sur le pétrole. Cela aura un effet politique important, entraînant la réaction des spéculateurs qui se gavent en infligeant de la souffrance aux économies nationales victimes de la flambée des prix spéculatifs. Nous ne pouvons pas permettre à la cupidité de quelques puissants spéculateurs de détruire des entreprises essentielles aux intérêts nationaux et aux relations entre ces économies nationales. On doit tenir tête à toute opposition à ces mesures nécessaires et urgentes, au nom des intérêts stratégiques nationaux prépondérants.

9. L’action proposée ici ne remédiera pas à la tendance hyperinflationniste plus générale en cours. Elle ne permettra de maîtriser qu’une fraction particulièrement critique de cette inflation spéculative, mais elle établira des normes de coopération, immédiatement nécessaires pour faire face à la crise bancaire internationale et aux crises annexes qui vont frapper le monde entier au cours des semaines et des mois à venir.

10. Les pratiques spéculatives sur les contrats pétroliers doivent être examinées de plus près, en détail, et évaluées en conséquence. Cette enquête doit être menée à son terme ; elle est urgente. En même temps, les représentants des gouvernements qui comprennent la politique pétrolière, doivent jouer un rôle de premier plan dans la mise en œuvre des mesures générales que je viens d’esquisser. Après une période initiale de 30 à 90 jours d’application des accords proposés, les aspects secondaires et tertiaires du problème seront plus clairs et, surtout, les gouvernements, avec d’autres intervenants, auront mis au point les mécanismes nécessaires à la poursuite de l’action.


[1Marché sur lequel les matières premières sont vendues contre espèces et livrées rapidement lorsque la transaction est réglée, et d’autres marchés non financiers, comme les marchés à terme pour les matières premières.dans les livraisons de pétrole